Tout plaquer pour la céramique?

Il n’y a pas un jour qui passe sans que je découvre un nouveau compte instagram dédié à la céramique. Cette “mode” en est-elle vraiment une? ou le reflet d’un besoin profond de changement, de retour aux sources et de quête de sens? 

Lorsque je me suis lancée il y a trois ans dans cette reconversion, je me sentais seule face à cette nouvelle route que j’ai décidé de tracer. Ce qui ressortait de mon bilan de compétence était un besoin de faire de mes mains, de developper ma créativité, et plus généralement une forte appétence aux arts appliqués. Aussi, une carrière dans le marketing ou il fallait faire toujours plus, plus vite, avec moins (de salariés, de budget, d’envie..). Une quête qui me semblait vide de sens et de valeur.

Alors, le toujours plus qui pousse plus à moins? saturée de faire pour défaire, et refaire l’année suivante, je ne voulais surtout plus d’un quotidien qui me semblait vide de sens et dénué de bon sens. Une valeur travail dévalorisée et dévalorisante.

Je me demande toujours si cette reconversion est le fruit d’un traumatisme lié au marketing en général, ou celui d’une mauvaise orientation de départ? Poussée par l’envie de gagner ma vie et d’avoir un statut? d’avoir un poste à responsabilité.. qui fait bien dans les diners? Sans doute une somme de tout cela.

En tout cas, il n’est pas facile d’assumer ces changements d’orientation et de les mener à bien. 

La reconversion doit prendre en considération plusieurs facteurs. Evidement être aligné avec ce que l’on fait au quotidien est essentiel. Il faut toutefois aussi prendre en considération l’aspect financier et la réalité du métier: Je ne passe pas toute ma semaine les mains dans la terre à tourner mes pièces sur mon tour.

La passion devenant un travail peut elle encore en être une? Devenir céramiste, c’est devenir artisan, chef d’entreprise, gestionnaire, commercial. Produire et vendre, se vendre. La route est longue aussi bien du point de vue de l’apprentissage que du développement de sa créativité, de sa clientèle et de son entreprise. 

Alors oui je suis heureuse d’avoir tout plaqué pour devenir céramiste. Mais je n’avais pas du tout appréhendé l’investissement physique et mental colossal que cela me demanderait. Être à son compte est une source de stress. Tributaire des commandes, du coût de l’électricité et des matières premières, des aléas et réactions de la terre sur de nouvelles formes et techniques… 

Le salariat et son confort me manquent parfois, mais la fierté tirée de la vente des produits que j’ai imaginé et fabriqué de mes mains me rend heureuse.

chaque pièce en porcelaine qui sort de mon atelier est destinée à vivre des moments de vie précieux chez ceux qui les achètent. Un objet à haute valeur symbolique, fabriqué à la main en France. Un objet qui est le fruit d’un long apprentissage, de techniques éprouvées, de créativité, et surtout le résultat d’heures de recherches et de travail.

Si vous êtes en reconversion, dans la céramique ou un autre domaine, je serais ravie d’échanger avec vous sur mon expérience pour vous aider à passer le cap, ou pas. En tout cas je suis convaincue que lorsque l’on n’est pas bien quelque part, il faut se donner les moyen d’un meilleur quotidien. Pour soi, et pour les autres.

Il faut toujours viser la lune car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles. Oscar Wilde.

Sophie

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